Macha POYNDER vit dans le dessin et la peinture depuis l'âge de six ans, commencés à MOSCOU et poursuivis à PARIS. NEW-YORK ouvre, déploie son espace, libère le geste, son écriture. La peinture continue à se fluidifier, jusqu'à l'oubli de ce qui avait été appris. Puis vient le saut quantique vers le travail sur la lumière; les night paintings (qui saisissent l'immatériel), le light movie (dessins sans fin et en mouvement, sur la pellicule 35mm), la vidéo, la photo, les performances en live et les collaborations avec le musicien/compositeur californien Kirk Hellie ainsi que des danseurs. Les frontières se décloisonnent, dépassent leurs territoires propres, se questionnent, interagissent. L’exploration continue.
"L'invitation au voyage
La peinture est un voyage. Je pars en peinture comme on part en Islande, en Patagonie, aux Hawaii, au Brésil, en Indochine, en Laponie, en Californie, au Japon, en Afrique. La peinture est ma respiration, mon oxygène, mon exploration, mes grands espaces.
La peinture respire l’espace, elle s’en empare et s’en nourrit (l’art japonais, en usant de deux dimensions, parvient à en créer une troisième et une quatrième, tandis que les Américains, l’expressionisme abstrait notamment, passe par l’envergure et l’échelle, à l’image de leur géographie, pour représenter le vaste, l’ouvert ; nous ne saurions le découvrir sans s’aventurer hors du connu, en continuant à « voler en cercles étroits » au-dessus de notre moi de naissance). La peinture apprend l’espace et ses multiples dimensions en voyageant. Le corps se souvient. Il garde les empreintes des paysages et contrées traversées, respirées et les redonne à la peinture (qui opère à travers le corps dansé). La peinture absorbe les parfums, les sons, les mémoires et les impacts, intraduisibles avec les mots. Les mots n’appartiennent-ils pas à une langue parmi d’autres ? La peinture est une langue en soi, elle jaillit de sa propre source, elle a sa grammaire et sa synthaxe, elle émet ses sons propres. Le vert de Kyôto n’est pas le vert de New York, leur différence n’est pas dicible, mais elle n’en est pas moins réelle. Le voyage lave la vue et nous la restitue, il rend perméable, ouvert, nouveau, vivant, réel (le dialogue des deux verts devient lui aussi réalité). Il ouvre la voie à la peinture.
Le voyage nous bouscule, provoque des cataclysmes, fait sauter les verrous de la perception, crée une ouverture où s’engouffrent souffles et sensations, visions et parfums, éraflures, tourbillons, retrouvailles, instantanés, séquences, bribes, rimes, élans, courants, vents, mythes, scintillements, lumières. Le barrage perceptuel rompu, la peinture n’en demande pas mieux, elle s’engouffre et afflue, elle vous inonde, vous porte et vous emporte. Provoquée, réveillée par ces collisions visuelles, olfactives, tactiles, sensuelles, épidermiques, telluriques, la peinture explose, décapsulée, libérée. La peinture et vous ne font qu’un, saturés, imbibés, vivifiés l’un et l’autre, l’un par l’autre. Le voyage rend vivant. Le voyage rend visible et possible. Ce qui resterait muet, voilé, caché se manifeste. Sans le voyage la peinture ne serait pas.
La peinture comme lien avec le monde." (Macha POYNDER)
C'est à travers les livres que Muriel CHALVET découvre tardivement, en 2006, l'expressionisme abstrait et le peintre Jackson POLLOCK, ainsi que le mouvement japonais GUTAI, qui la lancent. Elle commence par le dripping, la toile au sol, en combinant les coulures, les juxtaposant. Puis, du all-over, elle passe à la verticalité. Son travail est lié, d'une part à l'inconscient individuel, l'instantané, la pulsion, l'écriture automatique, d'autre part à l'inconscient collectif, la réalité de la ville, l'urbain. Une combinaison intérieur/extérieur se développe, une construction faite de strates de l'inconscient. Au départ, c'est une certaine violence qui transparaît de ses toiles et se traduit par une explosion émotionnelle. Puis, elle épure et crée des silences; la violence s'apaise. Cependant, la technique n'est pas le plus important ; ni les idées. Ses rencontres amoureuses et la musique (rock et électronique), qui constituent également un rouage, un geste, un mouvement, sont primordiales. En 2011, sous le regard bienveillant de Bertrand GUICHARD, sa peinture s'apaise et se structure. Il disparaît en 2011. Elle quitte MARSEILLE en 2012 et s'installe à PARIS avec SKEUV, musicien. Elle peint, depuis, sur ses compositions, qui sont aussi la base de ses montages vidéo. Une nouvelle écriture se forme, sensible à la répétition des séquences et du rythme de la musique: superposition, fragmentation, répétition, couleur.
"Nous ne sommes pas d'aujourd'hui ni d'hier, nous sommes d'un âge immense." (Carl Gustav JUNG)
Valentin SAMARINE est photographe, artiste et métaphysicien. Né en 1928 à LENINGRAD, c’est un enfant surdoué, qui passe les classes de 3ème, seconde, première et terminale russes la même année. Eternel étudiant, il intègre ensuite six universités différentes, dont celle de Physique et de Mathématiques de LENINGRAD, où il commence à élaborer ses Sanki, œuvres aux confins de l’art et de la spiritualité, qui révèlent à partir de photos picturales retravaillées avec des techniques brome-argentiques, les « mystères de chaque présence humaine », « traces et empruntes de l’être invisibles à l’œil nu ». Il se définit, à ce titre, comme un explorateur du "sous-espace" ou "espace blanc » et lie son œuvre à la physique quantique. Opposant au régime communiste, il est arrêté pour la première fois en décembre 1956, par le KGB, pour avoir participé à la discussion sur PICASSO (exposition Picasso à l'Ermitage). Dans les années 60, il connaît la prison et l’hôpital psychiatrique. Dans les années 70, il devient un membre prépondérant de la résistance des artistes non-conformistes de LENINGRAD. Il côtoie de nombreux artistes célèbres, danseurs, musiciens, écrivains et poètes. Il émigre en 1981 en France, restant une figure de l’underground soviétique, à l’instar de LIMONOV ou sa compagne MEDVEDEVA, qui sert de modèle pour ses icônes blanches. Il immortalise notamment les ballets de BEJART et Pina BAUSCH, PLISSETSKAYA, ROSTROPOVITCH, BRODSKI… En 2004, il retourne en Russie. Il partage aujourd’hui son temps entre PARIS et SAINT PETERSBOURG. Il a aujourd’hui à son actif plus de soixante-dix expositions dans le monde entier, tant dans des musées que des galeries renommées.
Masha SCHMIDT naît à MOSCOU, sous BREJNEV, dans une famille d’ingénieurs. Elle suit un parcours académique classique et est admise à dix-sept ans au sein de l’Ecole des Beaux Arts de Moscou (dite STROGANOFF), qui forme les artistes les plus accomplis, censés capables de contribuer à la gloire de leur patrie par leurs réalisations en arts plastiques autant qu’en arts appliqués, au prix de soixante heures de cours par semaine allant de l'anatomie au design industriel et d'une pression constante. Dans ce cadre oppressant et épuisant qui laisse, son grand désarroi, peu de place à la créativité, et après avoir affronté la farouche opposition de l’institution, elle parvient quand à obtenir, en 1990, dans le mouvement de libération enclenché par la perestroïka de Gorbatchev et sous les ovations d’un jury conquis, son diplôme dans la série « burlesque », inventant et dessinant un médecin muni d’un parapluie volant et d'une valise renfermant des appareils magiques et autres attributs féeriques. En juin 1990, elle arrive à PARIS pour un voyage de quelques jours, qui, à la faveur d'une rencontre aussi abracadabrante que sa remise de diplôme, deviendra un long séjour. Elle se partage, depuis entre peinture, enseignement, master classes, illustration, théâtre, cinéma, musique, voyages, amour et famille.
« La France – le pays de la peinture.
Ca sonne un peu pompeusement, mais c’est la vérité. С’était déjà une évidence que j’ai ressentie à la sortie du train. Une lumière t’envahit, elle vibre et rentre à l’intérieur de tout : des hommes, des maisons. PARIS semble être une ville dépourvue de densité (surtout en été et au printemps), qui n’est pas construite entièrement sur de la terre ferme et comme étant suspendue dans l’air. Cette incroyable constatation a complètement bouleversé ma vision de l’air dans la peinture et m’a convaincu que les impressionnistes n’avaient rien inventé. Je pense qu’il est impossible de ne pas être touché par l’environnement dans lequel tu passes la majeure partie de la vie.
La nécessité d’être à l’écoute du monde qui t’entoure. La concentration extrême.
Le travail sur l’espace « infini » est peut être le résultat… de cette vision latérale, du regard sur le monde à travers la fenêtre d’un train qui roule lentement et sans s’arrêter, et quand le tableau se déroule devant toi tu n’es pas « en dehors » mais deviens sa part intégrante. Mes compositions nées à MOSCOU au siècle dernier sont complètement différentes : fermées et séparées du monde extérieur par une couche d’air protectrice. Je suis persuadée que ce n’est pas l’expérience qui change l’homme… mais l’homme qui change lui-même au cours de sa vie, ses cellules changent et plein d’autres choses aussi. Dans mon cas c’est l’œil qui a changé. C’est un grand cadeau : on a l’impression d’avoir pu vivre deux vies.
Toute ma peinture est un paysage. Parfois j’ai l’impression d’évoluer dans une contrée connue et, de temps en temps, de découvrir de nouveaux paysages. Mon travail principal est la recherche d’une route dans le paysage.
Je ne sais pas jusqu’à quel point on ressent dans mes séries « l’intégralité » de l’espace, mais c’est le sentiment de voyager qui me permet d’avancer. Je pense que la grande partie de mon travail peut être considérée en tant qu’abstraction expressive (un terme assez flou utilisé en l’absence d’autres) et j’ai le sens très aiguisé du danger qui caractérise ce mouvement pictural. La perte de la fraicheur du regard, le manque de renouvellement du langage plastique, la facilité du geste... Il faut se battre en permanence pour continuer à donner vie à la peinture. Errer dans son propre inconscient est néanmoins une entreprise non dépourvue de danger, on peut s’y perdre ou tourner en rond. C’est pour cela qu’un vrai voyage et une étude attentive du monde qui vous entoure vous sauvent et donnent de nouvelles forces. » (Masha SCHMIDT, 2012)